1 juin 2010

Adieu Erasmus, merci Lund!


Voici arrivé le terme d'une année franchement unique, éblouissante d'exotisme culturel, linguistique et académique.

Inutile de douter de la qualité de la vie étudiante à Lund lors d'un quelconque choix Erasmus: elle est spectaculaire. Impossible de ne pas rencontrer de bons amis venus d'un peu partout d'Europe et d'ailleurs, impossible de ne pas apprécier la quiétude d'un rythme universitaire très serein, impossible de ne pas découvrir de nouveaux environnements à mille lieues de ceux qui nous sont quotidiens.

C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme que se sera déroulée cette expatriation en Scandinavie, et je n'aurai même pas le souci de tenter de modérer cette opinion brutale par quelque contre-argument.

Adieu Erasmus; merci Lund!

28 mai 2010

Remarques pratiques à usage des futurs étudiants de Lund.


Alors que ce triomphal séjour touche bientôt à sa fin, je songe tout à coup à répandre ici de judicieux conseils, de nature à faire germer d'enthousiastes récoltes d'étudiants Erasmus, rompus par avance aux techniques Lundiennes.


Le logement à Lund?

Source de stress courante en début de semestre, étant donné la saturation du marché immobilier, mon premier conseil serait en la matière de respirer paisiblement, car mon sentiment est qu'il y a davantage de psychose ici que de raisons objectives pour fonder quelque angoisse. Vous aurez soumis, je présume, vos choix de résidence universitaire au student housing office. Choisissez en fonction des prix voire de la localisation. Spoletorp est le plus central et apparemment le plus international, Delphi me semble la plus grosse cité U, Vildanden est également assez importante. Sparta est un autre endroit de taille similaire. De ces trois derniers endroits je dirais qu'il faut le même temps pour rejoindre le centre-ville soit 12-20 petites minutes. Östra Torn est par contre un peu trop excentrée au goût de beaucoup. Quant à Klostergarden, c'est apparemment assez cher pour pouvoir profiter de cuisines privées alors même que de ce fait la vie sociale des corridors en est affaiblie.

Mais surtout, par-delà ces classiques, Lund offre d'autres possibilités. Les nations, par exemple, constituent de bons points de départ. En particulier, Smålands, d'après mes informations, fournit immanquablement un logement dans la mesure où peu d'étudiants en sont membres. Ainsi un bâtiment offre des possibilités de loyer à hauteur d'environ 230 euros par mois toutes charges incluses, bien qu'extrêmement central.

Enfin, le marché privé existe, bien que plus délicat d'accès. Mais on peut toujours trouver une opportunité intéressante, par exemple dans le cas d'un logement chez l'habitant. Et les recherches peuvent être étendues à Malmö, ville trépidante accessible à moins de 20 minutes de train ou de bus.

Economiser des sous à Lund?

L'argent est une donnée souvent problématique pour les pauvres étudiants que nous sommes. A Lund, les économies reposeront surtout sur un usage des nations. Elles proposent des repas très accessibles, autour de 2 euros en général, avec dessert et café inclus. De la même manière, les boissons alcoolisées et autres sorties dansantes y seront peu onéreuses. Enfin, il est facile d'y travailler, ce qui donnera droit à un accès gratuit à certaines prestations. Et si vous travaillez du côté cuisine, il y a de fortes chances que vous vous en sortiez en emportant de sympathiques réserves de nourriture.

En vous souhaitant à toutes et à tous de bonnes aventures à Lund!

27 mai 2010

Göteborgsvarvet, un semi-marathon épique.


Bien qu'étudiant à Lund, il me prit l'envie de participer à ce qui est sans doute l'évènement le plus marquant de la ville de Gothenburg -dont le nom officiel était Göteborg jusqu'à récemment-. Samedi dernier je découvrais donc la ville sur 21 kilomètres.


Autant dire que ce ne sont pas les coureurs qui manquent: 60 000 inscrits à une course qui se présente comme la plus courue au monde dans sa catégorie. Toutefois il faut noter que "seulement" 40 000 s'y sont déplacées, apparemment parce que le temps était un peu chaud, autour des 26 degrés il est vrai. Cela reste assez impressionnant tant le mouvement collectif vous emporte et vous stimule, quand il ne vous arrête pas dans les ponts où les gens ont la fâcheuse habitude de se mettre à marcher.


Petite précision pratique à ceux qui commettraient la même bêtise que moi: il faut impérativement mettre la puce électronique sur soi, grâce au bracelet fourni. Les deux se trouvent dans la lettre qui contient votre numéro de coureur. Autrement, pas de puce, pas de temps. Comme les instructions sont données en suédois ceci m'a fort bêtement échappé...


Un bon circuit en tout cas. Je le conseillerais aux amateurs de course à pied égarés en Scandinavie.

21 mai 2010

Lundakarnevalen, ou le fameux carnaval de Lund.


Si, par chance, vous êtes présent à Lund ce week-end, ou bien d'ici quatre ans, vous pourrez profiter d'un phénomène étudiant d'une ampleur assez exceptionnelle: le carnaval étudiant.


Cette tradition prend ses racines en 1849, et a été vigoureusement portée depuis par des générations d'étudiants. L'organisation du carnaval repose sur le choix d'un thème préalable, cette année Rätt och felk, soit Right and wrong ou bien quelque chose un peu comme Vrai et faux. Autour du château de l'AF, au centre de Lund, des dizaines de tentes ont été montées et concentrent des activités diverses à ambition festive. A en croire le site officiel, plus de 5000 étudiants concourraient à la réalisation de cette gigantesque entreprise. Les hostilités commencent aujourd'hui à 13h et s'achèveront dimanche au soir, après un week-end à l'humeur combative.


L'entrée est de 200 couronnes suédoises, et la plupart des tentes coûteront un petit extra supplémentaire. De l'amusement en perspective.

1 mai 2010

Valborg, fête parmi les fêtes.


La vie à Lund n'est pas dénuée de festivités, si je puis oser l'euphémisme. A vrai dire, la concentration de dizaines de milliers d'étudiants, pour large part venus des quatre coins du globe, n'incite pas à la quiétude. Des diverses fêtes tenues dans les résidences étudiantes à Valborg, en passant par les classiques nations, ce ne sont assurément pas les opportunités d'attaquer votre foie qui manqueront.

Valborg apparait donc de ce point de vue comme une fête parmi les fêtes. A ceci près qu'elle répond aussi à une tradition, dite la nuit de Walpurgis, et est supposée signer par là la fin de l'hiver. L'embrasement de grands feux doit accompagner cette renaissance saisonnière.

Hier, vendredi 30 avril, j'ai pu apprécier la chose, avec un temps gris et pluvieux qui n'avait guère l'allure printanière mais dont la bonne humeur généralisée élevait les esprits dans la félicité, à moins que ce ne fussent les effluves éthyliques qui rendissent les étudiants plus ou moins dingues. L'orgie a débuté tôt dans la matinée, et le champagne remplaçait généreusement le lait du petit déjeuner, avant de se poursuivre jusqu'à 17h environ, pour s'achever au gré de diverses beuveries intellectuelles, un peu partout.

A ceux qui se demanderaient si Erasmus à Lund pourrait s'avérer ennuyeux, autant les rassurer: la fest n'attend que vous.

12 février 2010

Lundstedt et sa théorie du droit: la mort de la morale?


Etudier à Lund m'a permis d'en découdre avec les forces obscures du réalisme scandinave, ce courant de la philosophie du droit que l'on peut rattacher, rapidement, à une forme de positivisme sociologique. La rédaction d'un mémoire en la matière me permet de nourrir ce blog d'une substance toute mirifique.


Ainsi, le belliqueux Suédois a bataillé pour ses convictions, dont j'ai surtout pris connaissance au travers de trois ouvrages anglophones -Legal Thinking Revisited, Superstition or reality in action for peace? et Law and Fact-, lesquelles pourraient être résumées à une croisade argumentative contre la "méthode de justice". Cette méthode renvoie à la théorie classique du droit, du moins celle dominante dans la première moitié du XXème siècle dont Lundstedt est contemporain. Elle consiste, selon lui, à établir incessamment des rapports logiques de cause à effet pour faire briller le système juridique d'une étincelante efficacité, laquelle n'est qu'absurde en vérité. Selon lui, toute tentative d'objectivisation du droit est vouée à l'échec car dépourvue de caractère scientifique. Il est illusoire de chercher à dégager des normes inaltérables vouées à réguler l'ordre social, objectives, alors même qu'au fond le sujet de droit n'est que l'individu, exigeant par là des normes subjectives. Et l'absurdité de la méthode est confirmée, poursuit-il, par la pratique judiciaire. Les juges font application de l'équité au sens du Common law, fût-ce sous un nom différent, pour adapter la résolution du litige aux exigences posées par la société. Autrement, une application rigide des cadres légaux serait dépourvue d'efficacité. Par exemple, la prohibition, c'est-à-dire l'interdiction absolue de consommer et vendre de l'alcool, ne saurait être socialement admise (!) et par conséquent ne peut être érigée au plan normatif.


Au contraire, il convient d'appliquer ce qu'il définit comme une méthode du Welfare, du bien être général si l'on veut. L'exigence scientifique qui doit guider la science juridique doit placer, empiriquement, le point de départ de ses travaux dans le fait social. C'est la raison pour laquelle on critiquera un tel modèle en termes de pratique, il parait délicat de porter dans l'absolu de tels principes. Les aspirations sociales étant par définition contingentes, on se demande comment respecter parfaitement un impératif qui consisterait à y adapter les règles en permanence. Pour ne rien dire du problème des conflits sociaux, car il semble être une gageure de tirer des enseignements généraux depuis une masse d'individus dont les avis divergeraient profondément. Néanmoins, Lundstedt prône une telle approche, en encourageant les juges s'y employer. Et rappelons qu'il a été lui-même un parlementaire social-démocrate influent, dont la jurisprudence suédoise pourrait bien être empreinte à jamais.


A réfléchir en termes moraux sur ce qui est dans une certaine mesure une théorie politique, bien que légaliste dans son approche, j'ai surtout pris conscience du frappant décalage entre son scepticisme réaliste et les théories kantiennes et néo-kantiennes. Pour aller vite, disons que la théorie du Welfare s'oppose radicalement à tout principe moral éthéré, savamment déduit à la façon de la Métaphysique des moeurs, ces principes mêmes qui guident l'action des institutions onusiennes, largement fondées sur la foi en un progrès collectif. Au contraire, il y oppose la crudité du subjectif qui ne saurait être abstraitement dépassée, construisant par là le sociologisme de sa conception. Il n'est en ce sens pas étonnant qu'à lire ces thèses après la seconde guerre mondiale, d'où Kant et le jus naturalisme sont sortis conceptuellement vainqueurs, on ait comme une impression de suranné.


Pour plus de fraîcheur, on se plongera dans les délices du néo-utilitarisme rawlsien et les riches débats théoriques qui se sont déroulés depuis la publication, en 1971, de sa pénétrante Théorie de la Justice. C'est son auteur qui décore l'article, en haut à gauche. A bon entendeur...

23 janvier 2010

Recette pour un voyage en Laponie réussi.


Comment organiser son voyage en Laponie? Je recommanderais, pour avoir expérimenté la chose, le respect de dix commandements en la matière.


1. Tu voyageras par train et non point par avion

Le train est bien moins cher et bien plus sympathique à vivre qu'un avion: 20 heures environ depuis Stockholm jusqu'au grand nord, quand tout va bien. Aller voir les tarifs sur www.sj.se, trois mois à l'avance les billets sont à tarifs dérisoires, 20 EUR par exemple.


2. Tu consulteras les prévisions en matière d'aurores boréales afin d'éviter une cruelle déception

L'université d'Alaska prévoit les chances de voir ce beau phénomène céleste, à consulter ici.


3. Tu songeras à l'Ice Hotel

Comme son nom l'indique, il s'agit d'un hôtel entièrement construit de glace, ayant donc vocation à ne durer que le temps de l'hiver, qui est assez rigoureux en Laponie, reconnaissons-le. Il y fait évidemment frais, le principe étant celui des igloos, mais ça ne manque pas de panache. A voir ici notamment.


4. Tu pourras privilégier le couchsurfing à défaut de réserves financières dynamiques

Les étudiants ricaneront devant l'Ice Hotel, et chercheront plus sagement une solution pratique, en particulier le couchsurfing. Mais bonne chance, les âmes ne sont guère nombreuses en Laponie!


5. Tu tenteras une excursion en traineau à chiens si le portefeuille t'en dit

Au contraire, si l'argent coule à flots, autant se laisser tenter par des promenades à traineaux à chiens, avec éventuellement des aurores boréales. C'est par ici.


6. Tu considèreras avec lucidité le critère de l'ensoleillement

Il serait malheureux d'oublier que l'hiver en Laponie présente des nuits de 24 heures, et et l'été des journées de 24 heures. Sachant que ce glissement est progressif, en janvier par exemple le jour a refait son apparition, fût-ce pour quelques heures.


7. Tu t'apprêteras à trouver des Suédois parlant, curieusement, mal anglais

Habitant du sud de la Suède, j'ai trouvé assez exotique de trouver des Suédois maîtrisant mal l'anglais, conformément à ce qu'on m'en avait dit toutefois. Une spécificité de plus.


8. Tu observeras un globe pour mieux apprécier le degré septentrional de ton expédition

Observer une carte est un peu trompeur vu la déformation imposée par l'aplatissement de la sphère terrestre, on se rend moins compte des distances folles qui sont en jeu. Entre Copenhague et le nord de la Norvège, c'est tout de même plus de 1600 Km qui laissent l'imaginaire rêveur.


9. Tu iras dans l'espace à compter de 2012, si l'argent ne figure pas parmi tes préoccupations

La première compagnie spatiale à usage civil, en clair le premier service commercial destiné à envoyer des touristes faire un tour dans l'espace, devrait commencer son service à Kiruna en 2012. Les places seront assurément très chères. Un article là-dessus.


10. Tu deviendras Viking par l'ingestion consciente de Surströmming pour couronner une odyssée épique

Cette épreuve terrible marquera à jamais ceux qui en ont fait l'expérience. Ce charmant poisson, typique de la Laponie, n'attend que votre courage pour révéler le Viking qui sommeille en vous. Je n'en dirai pas plus, si ce n'est que j'ai traversé avec succès l'épreuve. Par Odin.

21 janvier 2010

Rentrée à Lund.


Me voici enfin de plein pied dans la rentrée universitaire, après des vacances d'un mois paisiblement écoulées. Ceci m'amène encore une fois à chanter les louanges de la semestrialisation, le calendrier universitaire autorisant une flexibilité tout à fait appréciable.


L'hiver a été extraordinairement froid en Suède, bien que ce soit moins inédit que pour certains autres pays d'Europe, le Royaume-Uni en particulier. Mais pour ce qui est de la Scanie, région de Lund, la neige n'a pas quitté les paysages depuis mi-décembre, alors même qu'à l'accoutumée elle ne résiste pas plus d'une semaine... De la même manière, un spectaculaire moins 15 a pu être relevé lors des fêtes de Noël, vers Lund.


Tout cela est bien beau, mais j'admets trouver cette blancheur un peu fastidieuse à la longue. On perd un peu la motivation à sortir de chez soi, et on s'en prend à souhaiter que les cours reprennent au plus vite. Verserais-je enfin dans la critique à l'égard du modèle scandinave? Rien n'est moins sur, bien qu'il faille commencer l'année 2010 avec un peu de sens de la nuance...