10 octobre 2009

The Erasmus meaning of life.


Ce programme d'échange européen né en 1987, dont je suis actuellement l'un des heureux bénéficiaires, intensifie bien plus que la stricte internationalisation des profils universitaires. Par-delà les bienfaits indéniables au plan de l'employabilité de tout un chacun, et sans compter les vertus linguistiques du projet, je crois qu'il y a encore mieux derrière tout cela. Quelque chose d'infiniment plus personnel et vital.


Je ne saurais mieux trouver que le film désormais classique L'Auberge Espagnole pour illustrer mon idée. Si je résume la trame de façon rudimentaire, c'est avant tout l'histoire d'un étudiant en économie, probablement sa licence presqu' achevée, en quête d'un travail et pour ce faire en quête de son employabilité personnelle. Or un conseil va lui être donné, s'il veut pouvoir travailler au MINEFI grâce à une relation: il faudrait qu'il parte à l'étranger de façon à présenter un profil intéressant du point de vue du service en question. L'étudiant part un an à Barcelone, y découvre la vie comme jamais auparavant, revient, décroche le job désiré. Et là tout d'un coup s'évanouit le projet professionnel sans doute trop fade pour faire tout voler en éclats. Notre héros plaque tout, conscient que tout ce la ne l'intéresse guère au fond, et souhaite renouer avec son rêve personnel: devenir écrivain.


Cyniquement commentée, on peut dire qu'il échappe au sort de nombre de ses semblables en peu ou prou la même posture, grâce à la révélation d'Erasmus. Beaucoup d'étudiants sont en économie et en droit, je crois qu'on peut l'admettre, et en tout cas certainement pour le niveau de la licence, sans aspiration propre. Ils sont là parce qu'il faut avoir un travail, parce que le droit ou l'économie c'est bien et ça forme, théoriquement, des cadres. Parmi eux, combien laisseront leur sensibilité au vestiaire? Abandonnant les arts et lettres, laissant projets sagement fous au placard pour leur préférer la rigueur d'une carrière linéairement tracée, ou du moins de la direction qu'elle apparait suivre. Heureusement, Erasmus vient là-dedans, salvateur coup de pied dans la fourmillière, et certains découvrent qu'il est encore temps de réaliser leurs passions, si chaotiques fussent-elles de prime abord.


Par-delà ce qu'il peut y avoir de naïf et caricatural dans ces propos, je crois qu'on peut en tout cas retirer une chose certaine de l'expérience Erasmus. Comme tranche de vie accordée à l'étranger, loin des habitudes nationales, elles transportent l'espace d'un semestre ou d'une année dans une sphère extraordinaire. L'esprit est en vacances, le monde apparait grand et accessible, les possibilités étendues, la richesse d'une jeunesse unique à préserver. Ce sentiment qui flotte chez nous, aérée communauté Erasmus, nous pousse à rejoindre notre part d'intime la plus affectionnée. Nous souhaitons reprendre ce que nous aimons, avant tout, et moins courber l'échine devant les critères attendus par quelque chemin rigidement préconçu. L'inspiration nous envahit, notre tolérance s'allonge pareillement à notre faculté d'adaptation, et le sourire s'affiche insolemment.


Evidemment, ce chant à la gloire de l'échange européen est à relativiser d'autres considérations diverses. Le financement notamment, qui peut apparaitre critiquable, mais qui constitue probablement le système le plus favorable au monde jamais conçu pour la mobilité étudiante. Matériellement parlant pour l'étudiant européen, une allocation est accordée automatiquement d'un montant d'environ 120 euros par mois de durée du séjour. A cela peut s'ajouter une aide nationale. En France cette aide peut être la bourse de mobilité, accordée aux boursiers sur critères sociaux et d'un montant de 400 euros environ par mois de séjour. Ou bien une bourse de mobilité pour les étudiants très méritants, d'un montant à peu près similaire. La possibilité d'être financé à hauteur de 520 euros par mois est donc certainement un point positif. Certains défauts viennent éroder la belle machine en ce domaine, il est vrai. Ainsi du versement des aides, au mois de... décembre (sic), pénalisant terriblement tous ceux incapables d'avancer l'argent les trois mois précédents. Mais l'ensemble demeure tout de même très satisfaisant à mes yeux, à songer aux dizaines de milliers de dollars ou de livres sterling de frais d'inscription qui constituent la réalité étudiante d'autres Etats.


Enfin, d'autres regrets viennent parfois ternir cet allègre tableau. Notamment... le fait que les étudiants n'en profitent pas assez, en tout cas pas autant qu'ils le pourraient, vu que les offres nationales demeurent toujours supérieures aux demandes de mobilité. Les récentes réformes du la ministre de l'Education ont d'ailleurs cherché à accroitre sa portée, tout comme le souhaitait le rapport conduit par Jacques Attali il y a maintenant quelque temps. Espérons qu'à terme nous soyons tous contaminés du virus de la bonne humeur.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    J'ai simplement une question, connais tu des français inscrits en dehors du programme erasmus? Qui ont simplement décidé de poursuivre leur études à Lund en s'inscrivant indépendamment. Et si oui peuvent-ils percevoir la bourse sur critères sociaux? Il semble que l'Université de Lund ne soit pas habilitée à recevoir les étudiants boursiers.

    Merci d'avance pour ta réponse :)

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