2 septembre 2009

Le fer de lance associatif de l'université suédoise: la nation.


Les nations suédoises ne sont pas à comprendre au sens classique du mot nation, lequel renvoie alors à une communauté d'individus réunis par une volonté de vivre ensemble et objectivement liés par des critères culturels communs, politiquement unifiée. Les nations renvoient à une structure associative quasiment disparue de nos jours, à l'exception notable de la Suède, en date des temps médiévaux. Il s'agissait alors de groupements d'étudiants issus d'une même origine géographique.


A Lund, comme à Uppsala d'ailleurs, les nations demeurent vivantes, et cristallisent même la quasi-totalité de la vie associative étudiante. Treize nations différentes existent, aux noms géographiquement identifiables: Malmö Nation, Göteborg Nation, Kalmar Nation, ... Chacun de ces groupements est originairement issu de la ville qui constitue sa douce appelation, sans que cela ait grand sens maintenant.


En effet, tout étudiant est libre d'adhérer à n'importe quelle nation, quelle que soit son origine. Les nations sont désormais identifiables selon leurs activités spécifiques. L'une sera branchée musique House, une autre Indie, une autre Kultur... De plus, avoir sa carte dans une nation n'empêche en rien de profiter des activités organisées par les autres nations. A une exception notable il est vrai: Smalands Nation, nation extrêmement politisée et apparemment souvent décriée pour ses postures extrémistes. Sans pouvoir juger objectivement de ce qu'il en est, je peux en tout cas observer que l'accès à nombre de fêtes est refusé aux membres de cette association, concrètement marginalisée. Sans doute est-elle toutefois intéressante à qui s'intéresse de près à la gauche suédoise ou aux musiques indépendantes, qui relèvent de son domaine de prédilection.


Il me parait très significatif que le système suédois ait institué une obligation d'inscription à une nation en guise d'inscription à l'université. Autant il n'y a pas de frais universitaires pour les étudiants suédois, autant ils doivent choisir leur association et y régler leur cotisation semestrielle, laquelle n'est généralement pas très élevée, souvent dans les 40 euros. Par là, on dynamise résolument le caractère collectif de la vie étudiante, au lieu de l'individualiser. Cette approche me parait culturellement très scandinave.


Et comment choisir sa nation? C'est la question insoluble qui laisse songeur tout nouvel arrivant, tant la profusion associative semble noyer toute clarté. Quelques pistes existent sans doute, cependant, pour se décider. Ainsi, on peut déjà diviser le monde des nations entre les énormes structures pleines de milliers d'étudiants et les autres, bien plus modestes. Les premières sont peut-être plus adaptées aux amateurs de grandes fêtes dansantes, mais sont moins susceptibles de vous aider à construire un réseau social. En effet, si paradoxal que cela puisse paraitre, un groupement de dimensions modestes vous permettra de connaitre beaucoup plus de monde qu'un groupement énorme. On m'a dit peu de bien, par ailleurs, des plus grosses nations -Malmö et Göteborg me semble-t-il- car elles seraient posh, à l'ambiance snob autrement dit. Enfin, chaque nation dispose d'un site internet qui devrait aider quelque peu à se faire une idée. Pour ma part j'ai choisi Kalmar Nation, mon attrait pour la viande rouge du lundi soir étant particulièrement fort.


Une autre façon de développer son réseau social dans les nations consiste à y travailler. Aucune rémunération propre ne vous sera attribuée, mais vous connaitrez d'autres personnes et bénéficierez en général de l'équivalent d'une soirée gratuite. Par exemple vous aidez à faire la cuisine lors du repas du soir, et à l'issue de ce dernier le repas vous est précisément offert. Et puis si vous êtes français, il y a fort à parier que vous compreniez très bien la nourriture, talent qui fait sans doute défaut aux suédois.

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